Réflexions pandémiques...


Cela fait déjà plus d’un mois que nous sommes isolés du monde, ce monde qui est maintenant sur pause. Je commence à voir défiler devant moi toutes ces opportunités, tous ces événements que je ne vivrai jamais, toutes ces expériences qui, à nos âges, sont significatives, qui participent au développement de soi mais qui ne se présentent qu’une seule fois. Je dois dire que cela m’attriste un peu plus chaque jour.

Il y a quelques semaines, j’ai eu l’honneur de recevoir la Médaille académique du Gouverneur général, la récompense la plus prestigieuse que puisse recevoir un élève ou un étudiant fréquentant une maison d’enseignement canadienne. Un prix que des gens comme Gabrielle Roy ou encore Pierre Trudeau ont reçu. J’étais envahie de joie et de fierté. Tous mes efforts portaient fruits!

 D’un autre côté, je ne peux m'empêcher de ressentir du chagrin de ne pas avoir la chance d'assister à la cérémonie. Cela rend la chose plus abstraite, je ne me rends d’ailleurs toujours pas complètement compte de l’ampleur de ce prix...

Dans dix jours nous devions aussi partir en voyage à New York. Cela allait être mon dernier voyage scolaire en compagnie des élèves que je fréquente depuis la maternelle. Comme mon école de campagne s'arrête à la deuxième année du secondaire, cela allait être un dernier moment partagé avec amies et professeurs avant de partir sur nos différents chemins. Avant de se séparer pour commencer la longue construction de nos futurs. Toutes ces années passées ensemble, tous ces moments partagés, vont tranquillement s’effacer de nos mémoires. C’est ce qui rend ces voyages, ces aventures, à présent tombés à l’eau, si importantes. Ce sont des repères durant cette transition entre l’enfance et l'adolescence.

Ce que je trouve très dommage pour nous, les jeunes, c’est que cette pandémie entraîne une pause de nos apprentissages scolaires, de nos sources de stimulation. Ce qui a un impact, pour l'instant invisible, sur notre être en évolution. Certains vont avoir le privilège de continuer d’être encadrés mais beaucoup seront laissés à eux même. Cela créera un fossé dans notre mini-société qui, lorsque l'on retournera à l'école, amènera son lot de différences et de difficultés...

 Au fur et à mesure que cette situation avance, je m'aperçois que l'abondance dans laquelle nous vivions était peu réaliste. Nous prenions pour acquis des choses qui ne l’étaient pas, par exemple la liberté de sortir et de s'amuser lorsqu'on le souhaite, l’approvisionnement régulier en nourriture, la chance de pouvoir voyager, apprendre, socialiser. Cette crise était peut-être nécessaire pour notre population, qui ne cesse de ravager sa planète avec une insouciance qui m’a toujours étonnée.


La nature a enfin droit à des vacances où elle peut profiter de l'absence d'activité humaine qui la piétine depuis trop longtemps. Lorsque la frustration de perdre une certaine liberté m’envahit je pense à cette nature qui peut respirer ne serait-ce que pour un bref moment et cela me calme.

 Si seulement ce temps où la nature s'épanouit de nouveau pouvait perdurer. Cependant j’ai l'impression que notre société n’est pas prête à se sacrifier pour que cela se fasse, vu comment elle se comporte face à ce confinement.

 Cette pandémie engendre de nombreuses conséquences positives et négatives. Nous devons choisir de quel côté nous allons nous pencher. C’est la seule chose sur laquelle nous avons du contrôle actuellement. Chaque pays réagira différemment selon leurs religions, leurs valeurs, leur mode de vie et les répercussions suivront le flot de ces réactions. Chacun se transformera d'une manière ou d’une autre…

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